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Ce film raconte la vie de Cici, entre son village, Iclod, en Roumanie, où il est le chef de famille, le mari, le père, le grand-père, mais aussi le fils et le petit fils. Le réalisateur Yann Bétant nous parle de cette rencontre.

 

 

Comment avez-vous rencontré Cici?

A Lausanne, dans la rue, j’ai vu ce monsieur à grande barbe. Il est peut-être venu vers moi, mais attiré par son regard, c’est aussi moi qui suis allé vers lui.

 

Etiez-vous déjà intéressé par l’histoire et la condition des Roms avant Cici?

Oui. J’avais hérité une part de la fascination de ma mère pour ceux qu’elle appelait les Tsiganes. Ensuite au fur et à mesure de mes séjours en Roumanie, j’ai commencé à vraiment m’y intéresser, en découvrant une tout autre réalité. C’est une amie anthropologue qui m’a fait rencontrer pour la première fois une famille Rom.

 

Comment avez-vous procédé pour le tournage? 

Le film s’est fait au fur et à mesure. J’ai commencé à filmer sans savoir si j’allais vraiment en faire un film, et même si Cici allait être le personnage principal. Une grande part du travail a été de développer la relation entre Cici et moi. J’ai passé beaucoup de temps avec lui sans caméra, et le fait que je sois devenu papa, nous a beaucoup rapprochés.

 

Quelles sont les difficultés de filmer seul un documentaire? 

Seul pour tourner, et sans production, le plus dur était de garder confiance, et de continuer, sans savoir exactement. Ensuite il y avait l’aspect technique, trouver le bon dispositif de tournage qui me permette de trouver ma place en tant que protagoniste-filmeur.

 

Que représente la Capra dans la culture Rom?

«Capra», en roumain, veut dire chèvre. C’est en fait une tradition pratiquée dans toute la Roumanie, roms compris, pendant la période de Noël et de Nouvel an. Le jeu de la Capra se déroule ainsi: elle danse, meurt, puis ressuscite et est censée apporter abondance pour l’année suivante.

Quand j’ai vu pour la première fois une «Capra» à Lausanne, je me suis amusé de cette marionnette qui ressemblait tellement à celles que j’avais déjà vues en Roumanie, mais à ce moment-là je ne savais pas encore que c’était Cici qui était dessous. C’est quand je l’ai retrouvé en Roumanie que j’ai fait le lien entre la marionnette et lui. Après ça, j’ai toujours pensé que c’était Cici sous les «Capras» rencontrées au hasard des rues en Suisse…